Interroger les mythes et les légendes pour penser le transanimalisme en droit
Quentin LE PLUARD, Doctorant en droit privé, Université de Brest.
Les mythes fourmillent d’animaux augmentés, aux pouvoirs suranimaux (sur le modèle de surhumains) : Le Taureau du Ciel de l’épopée mésopotamienne de Gilgamesh fait disparaître une lieue de la rivière dans laquelle il boit. Le Lion de Némée de la Grèce antique a une peau impénétrable, Sleipnir le cheval d’Odin de la mythologie nordique a huit pattes et peut galoper sur mer, comme sur terre, et même dans les airs. Les renards Kitsune du japon ont la capacité de se transformer en femme et même de donner des fils aux hommes qui voudraient bien les connaître. Ces animaux servent également les dieux grâce à leurs facultés extraordinaires, et ponctuellement les humains. Ainsi Hugin et Munin, les corbeaux d’Odin, lui permettent de surveiller l’activité de tous les Ases. Hercule utilise la peau du Lion de Némée pour s’en faire une armure. Les frontières entre l’Homme et ces animaux sont rendues plus floue par l’existence d’autres espèces qui cohabitent avec les hommes tels les nains, les elfes ou les géants. Les récits font également intervenir les dieux qui leurs sont supérieurs voire qui sont parfois à l’origine de leur création. Peut-on trouver, dans ces mythes, quelques pistes pour penser le transanimalisme en droit ? Peuvent-ils servir d’inspiration pour une réflexion sur l’augmentation de l’animal –bien souvent au profit de l’humain –et à ses implications juridiques ? C’est tout le pari de cette contribution.
A priori, ces animaux augmentés présents dans les mythes suscitent trois éléments de réflexion. D’abord, ils sont utiles, remplaçant avantageusement leurs banals semblables ou même l’Homme pour faire le travail auquel on les astreint ; ensuite ils font peur par leur différence mais également par leur pouvoir ; enfin, ils questionnent la singularité humaine par leur origine souvent divine (parfois d’ailleurs commune avec l’Homme, mais à considérer que celui-ci en deviendrait l’auteur, il s’érigerait alors démiurge, donc le mythe de Prométhée n’est pas loin).