Restitution de la rencontre du 16 décembre 2022 de la Chaire Normandie pour la Paix avec la défenseuse des droits des enfants, des femmes et des peuples autochtones, N.K. Keny, du peuple Sumi de Nagaland.
Avec Leslie Cloud et N.K. Keny
N. K. Keny (Khekhuli Keny Nihovi) vient d’un village autochtone d’Alaphumi dans l’Etat de Nagaland, situé au Nord-Est de l’Inde. Son père était chef du village. Après le décès de son père survenu quand elle avait 6 ans, sa mère est restée au village pour l’élever avec ses neufs frères et sœurs. Elle a ainsi poursuivi ses études tout en aidant sa mère dans les travaux agricoles et l’éducation de ses frères et sœurs. Au décès de sa mère, elle a continué de soutenir les études de ses frères et sœurs tout en poursuivant ses études qu’elle finançait en travaillant et en vendant l’artisanat qu’elle confectionnait. Dans ce contexte, elle a finalisé ses études en théologie et a obtenu un master en philosophie.
Entre 2000 et 2010, alors qu’elle étudiait à Chennai, elle a activement contribué à la lutte contre le trafic d’êtres humains. En 2013, elle a cofondé puis présidé l’Alliance de Nagaland pour les droits des enfants et des femmes, notamment pour lutter contre la violence exercée conte les femmes et les enfants dans son Etat ; dans cette lutte, prenant conscience du manque d’accès à la justice et d’une méconnaissance des mécanismes de justice, elle s’est formée en tant qu’acteur paralégal. Elle a également lutté pour assurer la participation des femmes à la prise de décision, laquelle était marginalisée par les lois coutumières. Elle ainsi plaidé auprès des anciens de son village en faveur de la participation des femmes au sein des instances politiques coutumières. Ce combat pour la justice et l’égalité des genres a été mené à toutes les échelles, du local à l’international.
En reconnaissance de son impressionnante implication pour la protection des enfants, des femmes et des droits des peuples autochtones, N.K. Keny a reçu de nombreux prix depuis une dizaine d’années.
Pour en savoir plus sur son admirable parcours, nous recommandons la lecture du chapitre de Herstory, vol. 5 dédié à N.K. Keny, pp. 82-87.
Sur les peuples autochtones d’Inde
Les peuples autochtones d’Inde résident majoritairement dans les sept Etats du Nord-est de l’Inde ainsi que dans la « ceinture tribale centrale » s’étendant du Rajasthan au Bengale occidental.
Des droits sont notamment reconnus aux peuples autochtones par la constitution indienne dans le cadre du Cinquième amendement (Fifth Schedule) pour les territoires de l’Inde centrale et du 6ème amendement (Sixth Schedule) pour certaines zones du nord-est de l’Inde, qui reconnaissent dans une certaine mesure des droits à la terre et à l’autodétermination des tribus dites répertoriées, terme utilisé pour identifier les peuples autochtones d’Inde. Les peuples autochtones de Nagaland relèvent ainsi du 6ème amendement de la Constitution indienne.
L’Etat de Nagaland d’où est originaire N.K. Keny compte environ deux millions d’habitants dont la plupart vivent de l’agriculture. Les principales cultures sont le riz, le maïs, le millet, le tabac, la canne à sucre et la pomme de terre.
N.K. Keny, une femme Sumi de Nagaland
Au cours de l’entretien, N.K. Keny a expliqué ne pas être habilitée pour s’exprimer au nom de l’ensemble des Sumi mais intervenir ici en tant que voix de femme sumi.
N. K. Keny : « J’appartiens à la tribu sumi. Nous sommes plus de 60 tribus (terme consacré par la constitution indienne). Dans ce territoire de Nagaland de 40 districts, il y en 16. Sumi est l’une des plus importantes tribus de Nagaland. (…) Il y a peu de documentation sur la démographie de notre population. (…) Il y a 400 villages (reconnus et non reconnus). (…) Les Sumi sont réputés comme très unis et agressifs mais ils sont célèbres pour leur honnêteté, leur simplicité, leur loyauté, y compris avec d’autres tribus ».
1. Gouvernance Sumi, droits coutumiers aux terres, territoires et ressources naturelles, savoirs traditionnels et accès à la santé
Des villages sous gouvernance sumi
Au cours de l’entretien, N.K. Keny a présenté les systèmes de gouvernance de son village, indiquant que les villages jouissent d’un certain degré d’autodétermination politique. Chaque village est régi par son propre droit coutumier qui s’applique dans les domaines de la justice, des pratiques sociales, couvre le systèmes de chefferie, des aspects religieux, la gestion des zones frontalières, l’administration des villages, des terres etc. Il y a des responsables de villages dont la fonction est transmise de génération en génération ainsi que des conseils de villages, reconnus par la législation de l’Etat de Nagaland. Tant les institutions sumi que le droit coutumier visent à assurer le bien-être du village.
En cas de violation du droit coutumier (juridicité) propre à chaque village, pour des « violations mineures », il n’y a pas de sanction immédiate, mais plutôt des conseils, des avertissements pour être une bonne personne, pour agir pour le bien du village, pour protéger la terre. Le droit coutumier n’est en revanche pas compétent pour les cas d’atteintes aux femmes, aux filles, aux enfants, notamment aux enlèvements dont elle nous parle un peu plus loin dans cet entretien. Dans ces situations, elle explique que la victime n’est pas seulement la personne directement concernée, mais sa famille et l’ensemble du village.
« Là où il y a des terres, il y a la vie », les droits à la terre dans les villages sumi
N. K. Keny a ensuite présenté les différents types de droits aux terres prévus par le droit coutumier, mentionnant quatre types de possession foncière. Elle évoque deux types de terres collectives. L’une d’elle est la terre possédée par le village. La collectivité, la communauté des villageois possède en commun la terre dans un but de bienêtre global. Elle se réfère également aux terres appartenant aux différents clans et transmises de générations en générations. Ces terres de clans tout comme celles du villages sont mises à disposition chaque année pour les cultures collectives constituant ainsi une source de revenus. D’autres terres, cette fois possédées à titre individuel, sont attribuées aux chefs des villages et se transmettent de génération en génération aux personnes détenant cette fonction. En tant que descendante d’un chef, bien qu’elle ne puisse pas hériter de ses terres, elle peut en avoir l’usage.
Elle a également évoqué l’existence de terres privées, bien que largement minoritaires. L’apparition de ces terres privées s’explique par la prise de conscience et les opportunités des nouvelles générations d’acheter de nouvelles terres. A cet égard, elle souligne avoir elle-même travaillé à temps partiel au cours de ses études et avoir ainsi pu acquérir une terre qui lui appartient, dont elle peut jouir à titre individuel. Par l’achat, la femme peut ainsi acquérir une terre et c’est ce qu’elle conseille toujours aux jeunes de sa communauté.
Elle explique en outre que selon le droit coutumier, les terres sont uniquement transmises aux jeunes garçons, aux hommes, jamais aux femmes. Pour lutter contre cette coutume, elle plaide pour la reconnaissance de l’égalité des genres au sein de sa communauté. Car comme elle le souligne : « quand les femmes ont les terres, il y a de la vie ». Cependant, bien que les terres appartiennent aux hommes dans leur majorité, les femmes en ont le droit d’usage car les terres sont gérées collectivement. Elle évoque notamment une terre de culture de riz un peu éloignée du village et exploitée par les femmes. Au sein du village, ils alternent en outre les cultures, ce qui permet de préserver les sols et de pouvoir cultiver les terres chaque année.
A ce sujet, N.K. Keny insiste sur le rôle fondamental tenu par les femmes dans la protection de l’environnement. Elle alerte également sur l’érosion des savoirs sumi.
L’importance de la préservation des terres pour les générations futures
Invitée à exprimer son souhait pour les générations futures, tout en indiquant que sa liste est longue, N.K. Keny a émis le souhait que la lutte se poursuive pour la préservation des générations futures du peuple sumi en protégeant, notamment leur terre.
« Lutter pour la préservation des générations futures du peuple sumi est une priorité absolue pour moi. Si nous avons une terre, nous avons notre identité. (…) On perd nos terres dans beaucoup d’endroits. (…) beaucoup de non autochtones cherchent à se marier avec des autochtones pour prendre possession de la terre. (…) Des changements arrivent. Nous voulons sensibiliser sur cette question de la distribution des terres pour que la terre de ma communauté n’aille pas vers des non autochtones même si des autochtones sont mariés à des non autochtones ».
A cet égard, elle alerte sur les dangers des locations de terres autochtones à des non autochtones qui finissent par engendrer la perte des terres : « C’est un grand défi. Des personnes veulent avoir des terres, louer des terres, pour 50 ans, voir 100 ans, vous imaginez ? La terre sera perdue. Nous ne cessons de dire à la jeune génération de ne pas louer les terres. (…) Il faut dire aux familles de gagner de l’argent pour gagner leur propre terre, pour être en sécurité, sécuriser leurs terres. Il faut protéger, posséder et utiliser la terre pour la communauté. Pour moi la terre est vraiment capitale. (…) Nos terres doivent être protégées. Des agences gouvernementales veulent parfois réaliser des constructions de développement sur nos terres. (…) Nous devons avoir notre mot à dire pour ne pas avoir à recevoir des compensations en l’échange de nos terres car sinon cela signifie que les terres vont dans les mains du gouvernement. La jeune génération doit apprendre à garder et sécuriser les terres, c’est vraiment très important ! »
L’importance des savoirs traditionnels et son inquiétude sur l’érosion de ces sagesses
Le peuple Sumi est célèbre pour ses savoirs traditionnels liés à la conversation et la gestion des ressources naturelles et de la biodiversité. Des études relèvent que les sumi ont développé des indicateurs écologiques liés aux pratiques agricoles et à la prédiction des variations des saisons. A ce sujet, elle cite, comme indicateurs, les abeilles, les crickets, le poisson-chat, les oiseaux migrateurs ou encore les bambous en tant qu’indicateurs. Elle explique cependant que ces savoirs, peu documentés, sont en train de se perdre. Afin de transmettre les savoirs sur la protection du vivant, elle enseigne aux jeunes enfants comment protéger les forêts, comment planter des arbres : « Car notre vie est d’être en contact avec la Terre-mère qui nous donne la vie. (…) Ces pratiques de sagesse sont en train de disparaître. (…) Ceci est une grosse perte. Y compris aujourd’hui, la communauté en dépend. Il est fondamental de baser notre activité sur les savoirs traditionnels. (…) Avec le désastre climatique, il n’y a plus de modèle climatique. (…) Chacun est inquiet pour les forêts et les cultures. La communauté sumi est dépendante des forêts pour la production alimentaire. Nous cueillons les herbes naturelles qui poussent au milieu des forêts. (…) les Sumi utilisent les indicateurs écologiques et peuvent se déplacer. On considère tous ces aspects. Nous connaissons également différents types de poissons. Mais nous sommes en train de perdre ces traditions (…) et notre identité en est malheureusement affectée. (…) les femmes jouent un rôle fondamental dans la sécurité alimentaire et la gestion de la nourriture. »
En lien avec la préservation des écosystèmes et la sécurité alimentaire, N.K. Keny s’est exprimée sur leur approche holistique de la santé et l’absence d’accès aux centres de soins.
Les Sumi et l’accès à la santé, le message de N.K. Keny à l’OMS
« Nous préconisons une vision holistique de la santé, une approche globale. Les plantes permettent une pratique alternative de santé. Cela a été très important durant la COVID 19 qui a beaucoup affecté les autochtones, notamment dans les villages les plus reculés. Les comités de village ont tenté de protéger les villages, de ne pas permettre aux étrangers de venir pour ne pas répandre la maladie. (…) Il n’y a pas de centre de santé dans les villages. Peu de villages a accès aux soins. Pendant la crise, nous avons dû dépendre des plantes médicinales. Nous avions perdu ces connaissances mais elles ont été ravivées pour nous protéger et empêcher la maladie. C’est une manière de retourner à nos traditions et à notre médicine traditionnelle. »
Dans ce contexte, N.K. Keny a adressé un message à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : « l’OMS doit se focaliser sur les villages afin que chaque être humain accède aux centres de soin. L’OMS devrait vraiment toucher les personnes au niveau des villages et reconnaître l’importance des traditions et des connaissances autochtones en termes de médecine ».
2. Plaidoyer pour la reconnaissance et le respect des droits et des savoirs des femmes Sumi
L’insuffisante participation des femmes Sumi dans la gouvernance des villages et sa lutte pour la reconnaissance des droits des femmes à la prise de décision
N.K. Neny a expliqué que dans une majorité de village, les femmes n’ont pas l’opportunité de participer aux conseils des villages, dominés par les hommes. Elle déplore totalement l’absence de représentation des femmes au sein des conseils et milite pour la participation des femmes à la prise de décision dans les villages. Comme elle le souligne, le village est chargé d’assurer le bienêtre de tous. Après de longues années de plaidoyer auprès des autorités masculines de son village, elle a obtenu que deux femmes participent désormais à la prise de décision pour défendre leurs droits : « au moins, les hommes peuvent écouter la voix des femmes. Et ils nous écoutent ».
Elle plaide pour que le rôle des femmes soit reconnu à sa juste valeur : « La plupart du temps les femmes jouent un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire ; elles vont aux champs pour nourrir leurs époux et enfants ; je me demande quand les femmes ont le temps de dormir ; jour et nuit, elles sont occupées pour la tenue de leur foyer, la sécurité alimentaire de la communauté etc. mais elles ne sont pas payées ; leur rôle doit être reconnu. (…) Si une femme se marie, la décision revient au père et à ses proches sans prendre en compte le côté maternel. Les mères nous portent pendant neuf mois, mais au moment de prendre une décision, il n’y a pas de place pour la mère. Beaucoup de choses doivent être rectifiées et reconnues ».
L’absence de reconnaissance coutumière de droits des femmes aux terres.
La reconnaissance de droits coutumiers fonciers aux femmes fait également partie des grands combats de N.K. Keny. Selon elle, la lutte pour la reconnaissance des droits aux femmes dans son village passe par l’éducation. Ill faut éduquer les garçons à respecter les femmes, leurs sœurs, mais aussi éduquer les filles pour les former sur leurs droits : « il faut que les jeunes filles valorisent leurs rôles ; il faut valoriser le rôle des jeunes filles. Il faut faire des économies, limiter les dépenses pour acquérir des terres, développer l’identité, se former, s’éduquer. Cela fait partie du rôle du village : le bienêtre des habitants. »
Les femmes sumi et la préservation de l’environnement
N.K. Keny : « Les femmes jouent un rôle important dans la protection de l’environnement, quelques soient les terres. On dit que les terres appartiennent aux hommes mais les femmes ont la liberté d’utiliser ces forêts, ces terres. Les femmes ont l’occasion de cultiver ces terres, de protéger l’environnement, l’écosystème écologique, toutes ces choses. Les femmes en Inde jouent un rôle important pour éviter l’utilisation des plastiques, pour utiliser des produits locaux, des ressources, des matériaux naturels. Les femmes soutiennent les hommes mais en général, les femmes n’ont pas beaucoup de droits. (…) Les hommes décident et les femmes exécutent. C’est ainsi. Les femmes jouent un rôle pour la sécurité alimentaire, pour faire des conserves, préserver l’alimentation, nourrir la famille, la communauté. Elles en font une source de revenu quotidien en vendant des choses mais ce n’est pas suffisant pour leur permettre de vivre. Pour avoir un revenu, nous avons besoin d’un système de soutien. »
N.K. Keny a mis en lumière le concept de paix selon les Sumi et le rôle des femmes dans le maintien et la préservation de la Paix
La paix selon la culture et les femmes sumi
N.K. Keny explique que son peuple croit aux concepts d’amitié, d’harmonie, dans la non- violence. Ces principes sont utilisés dans la résolution des conflits. A cet égard, elle insiste sur l’importance du rôle des femmes pour la préservation de la paix : « Les femmes sont des agents importants car elles apportent la stabilité dans la vie des familles, dans la protection et la promotion de la réconciliation, de la paix, même dans des situations traumatiques ou très difficiles. (…) Les femmes sumi sont des faiseuses de paix depuis des temps immémoriaux ; pas uniquement les femmes sumi ; toutes les femmes de Nagaland sont très fortes pour tenir ferme et être des agents de paix. Souvent les femmes agissent comme des intermédiaires, comme des médiatrices entre les tribus qui se font la guerre ».
Elle déplore cependant encore une fois que le rôle des femmes ne soit pas suffisamment pris en compte dans la prise de décision : « Les femmes ne portent que des messages de décisions prises par les hommes. Depuis le début de la violence, les femmes ont été sur le front du processus de paix, elles sont vigilantes ; elles font en sorte d’éviter toute violence et parfois elles dans les cas de conflits entre l’Etat et la communauté, face aux actes de violences des forces armées, elles demandent aux forces armées de se retirer (…). Dans tous les cas de violences, de violences sexuelles de tortures envers les peuples autochtones, envers les villageois, les femmes sont là et jouent un rôle dans la coexistence pacifique et la protection de nos communautés ».
3. Son expérience dans la lutte contre le trafic d’êtres humains
En tant que femme de Paix, outre ses activités quotidiennes pour préserver les écosystèmes de son territoire, la souveraineté alimentaire et former les femmes et les nouvelles générations à la protection de leurs droits, des terres, de leurs savoirs traditionnels et à la participation à la prise de décisions (voir le chapitre de Herstory dédié à son parcours), N.K. Keny a partagé son expérience dans la lutte contre le trafic d’êtres humains en Inde, notamment d’enfants et de femmes autochtones : « Cela se passait dans la partie sud de l’Inde quand j’étudiais. Je devais aller en ville pour étudier. (…) J’avais appris que beaucoup d’enfants, beaucoup de jeunes filles et de jeunes garçons, d’innocents parents, ont été convaincus que leurs enfants auraient en ville une meilleure éducation, de meilleurs emplois. Ils ont emmené les villageois dans les villes où les enfants étaient abusés sexuellement pour la plupart. Certains étaient extraits de leurs villages pour faire le travail domestique, la construction. J’ai appris qu’il y avait beaucoup de cas d’enfants qui étaient très malades et qui n’étaient pas soignés. Certains se sont enfuis. (…) Donc nous avons accueilli ces enfants qui étaient en fuite. Ces enfants dénonçaient également la situation de leurs fratries enfermées dans des endroits isolés. C’est ce qui s’est passé dans les années 1990-2000. (…) Nous avons secouru plus de deux cents enfants. Ils étaient dans des conditions déplorables, ils n’avaient rien à manger. On leur avait promis de la nourriture, l’éducation et un meilleur endroit pour vivre… Là où ils étaient gardés, c’était terrible. C’est mon expérience de vie dans les années 1990, 2000, 2010. Nous avons secouru beaucoup d’enfants qui venaient de mon pays. (…) Ce n’est pas facile. (…) Car il faut avoir recours à la police et il faut que les enquêtes soient faites. (…) On a même voulu m’emprisonner car ils pensaient que je faisais partie de ceux qui détruisaient les enfants. Mais je voulais juste sauver les enfants qui souffraient. Chaque enfant doit être remis à sa famille, à ses parents (…) ».
Questionnée sur les situations de trafic qui sévissent aujourd’hui, elle explique que des ONG existent désormais et font de leur mieux pour protéger les jeunes garçons et filles. Pour sa part, N.K. Keny continue de sensibiliser les autorités des villages, les autorités judiciaires, de leur parler de la protection des enfants et des femmes autochtones afin de les garder en sécurité. Elle tente de mener un suivi de la situation des femmes et des enfants qui quittent la communauté pour aller étudier ou travailler : « nous avons un groupe de suivi mais ça prend du temps pour faire ce suivi. Ce n’est pas facile de contrôler cela. Ce n’est pas facile de les maintenir dans les villages car tout le monde veut travailler et aider ses parents, gagner son argent. (…) nous avons besoin de personnes qualifiées, d’agents qui puissent nous aider, d’un système de soutien. (…) La charge de travail est importante. Dans certains cas, ce n’est pas facile que des personnes individuelles fassent ces recherches. Ceci est un défi. »
Toutes nos félicitations et notre admiration à N.K. Keny à son combat au quotidien pour la préservation de la culture sumi et les droits des femmes et des enfants et nos meilleurs vœux pour la suite de son parcours. Merci N.K. Keny !